EN FANFARE d’Emmanuel Courcol

Pierre Lottin (Jimmy Lecocq) & Benjamin Lavernhe (Thibaut Desormeaux) ©Agat Films, France 2 Cinéma

EN FANFARE d’Emmanuel Courcol

★★★★☆

Par Patrick Saffar – Journaliste, historien et critique de cinéma

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Le troisième film d’Emmanuel Courcol s’avère être une bonne surprise, au regard des craintes que la lecture de son dossier de presse était à même de soulever. Soit le rapprochement entre deux hommes, issus de classes différentes, et se révélant être frères biologiques, l’un, Thibaut (Benjamin Lavernhe) chef d’orchestre réputé, atteint d’une maladie grave, l’autre, Jimmy (Pierre Lottin), employé de cantine scolaire et « donneur » potentiel, qui joue du trombone dans une fanfare du Nord de la France.

Comme prévu, unis par leur commune passion pour la musique, les deux frères finiront par se rapprocher… Mais le film lui-même, porté par une interprétation remarquable, vaut mieux que ce condensé programmatique, ou même que la question « philosophique » (tendance Luc Ferry) qui en sous-tend la trame : qu’est-ce qu’une vie réussie ? Et quelle est, dans cette réussite, la part du milieu social ou du tempérament individuel ?

Alors que le spectateur ne cesse de se demander quel est, des deux frères, le « maillon faible » (car tout voudrait qu’il y en ait un), Emmanuel Courcol préfère laisser circuler librement les émotions sans que la musique ne les sollicite à l’excès.

La création contemporaine finit bien par rencontrer le Boléro de Ravel (version fanfare) mais la conclusion du film s’abstient de jouer le remake des Uns et des autres (Claude Lelouch, 1981), dans la mesure où ce climax aura été chargé auparavant par une palette de sentiments (jalousie, affection rentrée …) révélés entre Thibaut et Jimmy.

Et si En fanfare peut faire penser aux divers « films-fanfares » qui l’ont précédé (Les Virtuoses, Mark Herman, 1996, La Visite de la fanfare, Eran Kolirin, 2007 …) ou même, dans un certain œcuménisme, au Goût des autres (Agnès Jaoui, 2000), l’ouvrage d’Emmanuel Courcol n’en souffre nullement.

Patrick Saffar

Revue Jeune Cinéma

Une première version de cet article est parue dans la revue Jeune Cinéma n°430 (Été 2024).

Bande-annonce

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