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À l'affiche par Patrick Saffar
today19/10/2024
Christopher Reeve (Superman) ©1978 Warner Brothers/courtesy Everett Collection
★★★★☆
Par Patrick Saffar – Journaliste, historien et critique de cinéma
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C’est ainsi que deux documentaires, l’un américain et l’autre français, se proposent quasi-simultanément de brosser le portrait de l’acteur qui incarna à trois reprises au cinéma le personnage de Superman et dont le singulier destin inspire le titre de chacun des deux films : Super/man: The Christopher Reeve Story pour celui réalisé par Ian Bonhôte et Peter Ettedgui, (en salles depuis le 9 octobre) et Christopher Reeve, le Superman éternel pour l’œuvre de Philippe Guedj et Philippe Roure, raconté par Pierre Arditi (sur TCM Cinéma dès le 25 octobre). Chaque documentaire nous conduit ainsi de l’envol, qui marque la naissance cinématographique de la créature aux superpouvoirs, à la chute, qui inaugure sa seconde vie, laquelle, bien que dramatique, deviendra une forme de seconde naissance, celle d’un être humain tout aussi héroïque.
Ce trajet, chacun des deux films le décline de manière quelque peu différente.
Super/man: The Christopher Reeve Story met l’accent, avec force documents d’archives, sur l’accident équestre survenu à l’acteur alors âgé de 43 ans, comme centre de gravité du film et césure franche dans l’existence de Reeve. Mais il est dans la logique du spectacle américain, que le documentaire incarne également, de rebondir sur le moindre échec pour en tirer des leçons plus ou moins édifiantes. Christopher Reeve lui-même le confie : il n’a compris la véritable signification de sa vie (la prééminence des sentiments sur l’exploit) que par son malheur. En bref, on est d’autant mieux un « Super-man » qu’on en oublie le Superman et que l’on devient un homme (un vrai).
Cette logique est d’autant plus convaincante qu’elle va jusqu’à survivre à la disparition de son objet : une fondation, initiée par Christopher Reeve (elle porte aujourd’hui son nom ainsi que celui de sa femme Dana Reeve décédée prématurément) et destinée à la recherche et la guérison des lésions de la moelle épinière et à l’amélioration des conditions de vie des personnes touchées, se voit poursuivie par ses enfants, dûment interviewés.
Dans le même ordre d’idées, le documentaire, agrémenté de nombreux entretiens avec la famille ainsi qu’avec des témoins de marque (Glenn Close, Susan Sarandon, John Kerry …) se révèle dénué de toute construction chronologique. Constitué d’allers-retours entre ce que Reeve est « devenu » et son ascension au firmament des stars, le film procure parfois l’impression que Super-man, figé dans son fauteuil, contemple sa propre existence, mieux, son destin. Comme dans toute leçon, particulièrement étatsunienne, cette trajectoire se voit d’ailleurs agrémentée d’une tentative d’explication. Il s’agit ici du rapport au père de l’acteur, figure surdouée faisant peser sur son fils une exigence hors norme.
Commune aux deux documentaires, l’apparition et le bref discours de Christopher Reeve paralysé, lors de la 68ème cérémonie des Oscars (1996) fait figure d’apothéose. À cet instant, comme on peut s’en douter, les images d’archive ne nous épargnent pas la réaction émue de l’assemblée, standing ovation à la clef, à la fois hymne à la super-résilience et apitoiement devant l’injustice du sort.
Malgré cela, le film de Philippe Guedj et Philippe Roure, Christopher Reeve, le Superman éternel, frappe quant à lui par une certaine sobriété, dans la mesure où, tout en étant mû par le même discours (l’acteur est redevenu un superhéros après son accident) il se concentre davantage sur le mythe de Superman, le contexte historique qui l’a vu naître ainsi que ses divers avatars (comics, série télévisée, films …).
Une interview inédite de Reeve, réalisée peu avant la mort de l’acteur, permet de revenir sur la genèse de son personnage alors que, amateur de théâtre, il n’était qu’un inconnu de 25 ans.
Au regard du documentaire américain, celui de Guedj et Roure présente l’intérêt de jeter un éclairage sur les prestations de Christopher Reeve en dehors de Superman, et rappelle que cet acteur exigeant a également joué chez Ivory, Lumet et Schatzberg. Mais, de toute évidence, le personnage de superhéros et le comédien avaient déjà lié leur destinée …
Patrick Saffar
Bande-annonce « Super/Man: The Christopher Reeve Story »
Bande-annonce « Christopher Reeve, le Superman éternel »
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Écrit par: CINEMUSIC Radio
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